Lorsque l’espace de coeur redevient ouvert, le doux chant du Divin se lève. Il nous rappelle à lui par de tous petits signes. Les yeux qui se mouillent en entendant la musique, le coeur qui se gonfle de gratitude pour l’amoureux qui a pensé à préparer le souper ou une simple bouffée de joie venue de nul part. Une multitude d’effluves subtiles, souvent trop subtiles pour être entendues lorsque nous sommes continuellement en action.

Ce coeur ouvert à partir duquel on entend l’amour, c’est cela l’origine de la magie de Noël. Dans cet espace il n’y a plus de séparation, il n’y a plus moi et l’autre. C’est le même coeur qui bat en chacun de nous.

Cette année, je nous souhaite de retrouver ce mouvement simple d’une vie qui se vit naturellement. Une année où l’on célèbre ce qu’il y a déjà.

Il y a le temps du faire et le temps du repos. Et cet été est un temps de repos pour moi. Entre deux contractions, pendant que je souffle, la vie continue toutefois à s’éveiller et à se frayer un chemin vers le visible. Elle trouvera à se manifester toujours au moment qui est juste, et non au moment que j’avais prévu.

À cette embouchure d’eaux vivantes, j’avais besoin de me laisser bercer ce matin. Mon corps souffrait des empreintes de peurs et de blessures anciennes que je continue à porter. J’ai donc laissé le chant de la rivière me traverser. Traverser mes oreilles, mon corps et tout mon espace. Je me suis laissée bercer et dans un souffle je lui demandé de m’accompagner.

— Résistance, c’est toi? Mais qu’est ce que tu veux encore? Tu ne vois pas que j’essaie de me déposer, de me centrer pour me sentir plus proche de moi? Et toi qui ne pense qu’à bouger, à travailler ou à bouffer! Me voilà encore rendu sur mon téléphone à descendre les pages en me faisant croire que c’est important. Peux-tu me foutre la paix deux secondes!

— Mais moi, je t’aime. Je ne veux que t’aider..

Plus le voyage progresse et plus le regard de l'enfant se voit dans le coeur de l’adulte. Il nous arrive plus souvent d’y rencontrer la joie de l’instant, de la découverte de ce monde qui se crée de seconde en seconde. Nous assistons à la création d’un monde nouveau, qui n’est pas celui de l’avant mais bien celui de l’instant. C’est un monde qui s’offre le coeur ouvert, qui se bâtit le rire aux lèvres et la main tendue.  En confiance.

Rien de particulier à signaler et pourtant. Pourtant quelque chose qui ressemble à de l’amour se déploie en moi. Comme si de mon coeur ouvert émergeait une danse subtile et délicate, sensuelle. Elle s’insinue sous ma peau, recherchant l’adhésion de toutes mes cellules à ce mouvement joyeux.

Sous cette surface agitée du mental et des émotions, je suis bien cette nature, animée de ce même souffle de vie qui habite toute créature. Sous cette surface d’humains séparés, l’être que je suis est connecté à tout ce qui est. De cette connexion, nait un amour et une joie qui sont, me semble-t-il, ce que nous cherchons tous à la surface, dans cette course à la plénitude que nous menons au quotidien.

Lorsqu’une éclaircie se présentera à son regard, je pourrai aussi lui tendre la main. Mais surtout, je ne cesserai de voir sa grandeur, sa liberté, son courage et sa beauté. Si elle le veut, elle pourra se voir dans mes yeux. 

Suis-je capable de voir que, comme l’arbre, ce que je suis est déjà suffisant? Même sans rien faire, par ma simple présence, j’offre ce que mon être porte et rayonne.